La Permaculture est une philosophie qui cherche l’autonomie alimentaire et énergétique, le partage des ressources et l’harmonie avec la nature.

Mais pour aujourd’hui, nous allons nous intéresser à la permaculture comme mode d’action au potager : quelles sont les réflexions qui l’animent? les grands principes qui la guident?  C’est partie pour un état des lieux !

La permaculture, une affaire de sol

Avant d’envisager des plantations, il est indispensable de connaître celui qui est à la base de toute culture : le sol. En effet, les qualités de votre sol vous renseigneront sur les cultures que vous pouvez mettre en place.

Alors, sableux, humique ou argileux ? Pour en savoir plus sur votre sol, on vous propose de réaliser la petite expérience suivante :

  • Prendre un bocal vide, type bocal à confiture.
  • Remplir le bocal avec de l’eau
  • Dans l’eau, déposer une poignée de votre terre (celle dans laquelle vous souhaitez faire vos plantations!)
  • Refermer et secouer le bocal
  • Laisser reposer le bocal tout une nuit et observer le résultat

Le sable se concentre au fond du bocal, l’argile forme une fine couche au dessus du sable  et la matière organique est en suspension ou à la surface de l’eau.

Comment interpréter le résultat?

  • Vous n’avez pas de couche sableuse : votre sol n’est pas sableux
  • Sur un sol peu argileux, la couche ne représente pas plus de 30% de la hauteur du bocal
  • Plus il y a de matière en suspension, plus votre sol est riche en matière organique.

Un sol très sableux est propice à la culture de carottes tandis qu’un sol humique (très riche en matière organique) pourra accueillir n’importe quel type de culture. Plus votre sol est riche en humus, plus vous pourrez planter des légumes gourmands en nutriment, comme la tomate.

En fonction des qualités de votre sol, vous allez devoir apporter du carbone, de l’azote et un peu de phosphore et de potassium dans le sol, car il s’agit là des principaux éléments nécessaires à la croissance des plantes.

Pour un sol favorable à la culture potagère, on peut chercher un équilibre proche de:

  • 50% de matières végétales carbonées: feuilles mortes, paille, brindilles, carton, copeaux de bois,…
  • 40% de matières végétales azotées: tontes de gazon, feuilles vertes, épluchures de légumes,…
  • 5% de phosphore: coquilles d’œufs écrasées,…
  • 5% de potassium: cendres de bois (comme celles de votre cheminée…)

Comment améliorer son sol?

La butte auto-fertile

Pour commencer ses cultures avec un sol riche, on peut mettre en place une butte auto-fertile. Vous pouvez décaisser une plante-bande pour y installer les différents éléments ou créer votre butte dans un bac.

Commencer par déposer 2 à 3 couches de bois humide, déjà en décomposition de préférence, au fond. Le bois en se décomposant formera une sorte d’éponge pour retenir l’eau au niveau des racines. Des champignons se développeront dessus et apporteront de la nourriture directement aux racines des plantes.

Sur le bois, après l’avoir un peu arrosé, on déposera des couches dites ‘vertes’, azotés (herbes vertes, orties, feuilles de légumes,…) et d’éléments morts, carbonés, (feuilles mortes, copeaux de bois,…) en alternant les couches. On peut recouvrir la butte d’un mélange terreau/ compost et recouvrir le tout avec un paillage par exemple.

Aérer son sol

Pour casser les mottes de terre et décompacter le sol, il vaut mieux éviter de retourner les strates de terre, cela risquerait de déranger l’équilibre du sol et la pédofaune (faune du sol) qui l’habite !

Deux techniques alternatives existent :

  • la plus rapide et la plus sportive : l’utilisation de la grelinette, un outil qui permet d’aérer le sol de façon assez douce
  • la plus naturelle mais plus longue : la plantation d’engrais verts (phacélie, moutarde, sarrasin, trèfles…) dont les racines décompacteront le sol tout au long de leur croissance.

Couvrir son sol

Lorsque le sol est prêt, il est important de le couvrir pour éviter l’érosion et la croissance de mauvaises herbes. On peut utiliser différents matériaux comme le BRF (bois broyés), feuilles mortes, tontes de gazon, paille,…

Le paillage permet aussi de créer un environnement propice au développement de la faune du sol, les petites bêtes du jardin s’y réfugient et enrichissent le sol. Il permet aussi de garder une hygrométrie stable en maintenant toujours de l’humidité et de la fraîcheur pour les racines.

Les divers paillages apportent différents bienfaits aux plantes du potager:

  • Le BRF permet le développement de champignons qui alimentent la plante et la protègent des maladies.
  • Les feuilles mortes permettent par leur décomposition de nourrir le sol.
  • Les tontes de gazon et les fauches d’engrais verts apportent de l’azote au sol encourageant les plantes.
  • La paille retient très bien l’humidité et accueillent de nombreux insectes bénéfiques au jardin.

Si rien n’a été planté sur le sol, il restera paillé mais on le découvrira pour semer notamment les petites graines (on peut laisser le paillage pour les plus grosses graines comme les fèves qui le perceront aisément).

Une fois les plants sortis de terre, on paillera tout autour pour éviter que des mauvaises herbes viennent faire de la concurrence à nos légumes.

Les engrais verts

Lorsqu’il n’y a plus de légumes plantés, on peut aussi faire usage des engrais verts. Phacélie, moutarde, sainfoin, trèfle,… Ces plantes bien pratiques ont plusieurs avantages : aération du sol, apport d’azote par les racines, plantes mellifères et permettent par leur croissance rapide de recouvrir naturellement le sol en empêchant les mauvaises herbes de s’y développer.

Un peu avant le prochain semis, on fauche les engrais verts qu’on laissera se décomposer en paillage.

La permaculture, une affaire de choix de plantes

Pour organiser son potager, on gardera deux objectifs en tête: utiliser les différentes interactions que les éléments du potager peuvent avoir pour améliorer la vie de celui-ci et essayer de garder une production continue tout au long de l’année.

Associations de culture

Au potager en permaculture, pas de monoculture, on cultive différentes espèces qui s’entraident ou se protègent, on parle d’associations de culture.

Quelques exemples d’association de culture:

  • Carottes – Poireaux: Le poireau par sa teneur en soufre dégage une odeur forte qui repousse la mouche et le puceron de la carotte. Cette dernière éloigne la teigne et le thrips du poireau. Chacun protège l’autre.
  • Tomates – Basilic: Le basilic repousse les mouches, les moustiques et autres parasites de la tomate et apprécie la proximité avec les plants de tomates.
  • Maïs – Haricot: Le haricot fertilise le sol en produisant de l’azote par ses racines, les tiges de maïs lui servent de tuteur ce qui permet d’optimiser l’espace.

Pour s’organiser, on peut dessiner un plan de culture avec les différents légumes qu’on souhaite cultiver.

Les légumes peuvent être placés en fonction de leurs affinités mais il faut aussi réfléchir dans le temps: combien de temps le légume occupera la terre avant d’être récolté ? Quel légume je pourrais planter après ?

Rotation des cultures

On évitera aussi de cultiver les mêmes légumes plusieurs fois d’affilé sur la même terre. Les légumes ne se nourrissent pas tous des mêmes nutriments et ils peuvent produire des nutriments importants pour ceux qui les suivront.

Il faut donc alterner les cultures entre les familles de légumes :

  • Légumes-feuilles (laitue, chou, épinard,…) : légumes qui nécessitent beaucoup d’azote.
  • Légumes-racines (carottes, radis, navets,…) : légumes avec des racines plus profondes qui se nourrissent de nutriments plus profonds dans le sol.
  • Légumes-fruits (tomates, poivrons,…) : légumes qui se nourrissent de potasse et de phosphore.
  • Légumineuses (fèves, pois,…) : ils alimentent la terre en azote.

Pour cultiver et produire en abondance, objectif de la permaculture, il est parfois nécessaire d’aller au-delà du choix des plantes et du travail du sol. Tirer profit des éléments déjà en place autour de notre zone de culture peut être une option!

Optimiser l’espace

L’optimisation de l’espace passe nécessairement par un temps d’observation de votre jardin ou votre friche. Il s’agit là d’imaginer votre potager de rêve en laissant libre court à votre imagination. Tout est possible, notamment une verticalisation de vos cultures : faites grimper les courges, les concombres et les tomates sur des structures 3D.

Ainsi, on créer de nouveaux espaces de culture et le jardin prend un aspect plus esthétique.On peut aussi mettre en place des aménagements sur des murs comme des petits potagers dans des palettes.

L’observation minutieuse de votre jardin vous permettra également d’identifier les différences d’ensoleillement, les couloirs de vent ou encore les zones où l’eau à tendance à stagner.

Pour optimiser vos cultures, il peut être pertinent d’agir sur ces facteurs afin de diversifier les espaces en créant des microclimats. Microclimats qui permettent la culture de plantes variées et la création d’environnement d’accueil pour des insectes ou animaux bénéfiques au jardin.

Pour agir sur le vent, on pourra créer une haie brise-vent avec une structure en 3D, par exemple un grillage avec légume grimpant, ou alors une haie de fruitiers.

Certains légumes ont besoin d’ensoleillement pour pousser quand d’autres apprécient l’ombre.

Légumes gourmands de soleil: tomates, aubergines, concombres, poivrons, piments

Légumes de mi-ombre: blette, épinard, laitue, roquette, poireau

Légumes qui apprécient l’ombre: mâche, cresson

Pour lutter contre le froid au jardin, on pourra créer des haies en haut des éventuelles pentes du jardin. L’air froid étant plus dense que l’air chaud, il descend les pentes vers les zones plus basses, si il rencontre une haie ou un mur, il reste bloqué créant un phénomène de “poche d’air froid”, il est donc préférable de le bloquer à l’extérieur de notre jardin pour éviter le gel en hiver. Il faudra alors planter la haie en amont du potager.

Les poches d’air frais se forment dans les endroits en basse altitude, si le potager est dans une cuvette ou un endroit où l’air circule mal, il peut être important d’ouvrir un passage pour laisser l’air frais s’en aller.

Si on dispose d’un espace suffisant, on pourrait même imaginer creuser une mare dans notre jardin, ce qui permettrait d’accueillir des grenouilles mangeant les limaces, d’avoir une source de chaleur au jardin (les reflets du soleil sont réfléchis sur la surface de l’eau), faire pousser d’autres types de plantes et d’apporter plus de biodiversité par les insectes et les mousses qui se développeront autour.

En concevant votre jardin imaginaire, n’oubliez pas ses autres habitants : les petites bêtes, insectes ou mammifères. Pour les faire venir au jardin et les inciter à s’y installer, on peut construire un hôtel à insectes où les différents insectes trouveront un habitat dans des brins de pailles, des brindilles trouées, de la brique ou toutes sortes d’autres petits matériaux.

Et bien évidement, il est impératif de faire venir nos amis abeilles. Pensez à planter des fleurs mellifères, elles attireront les petites ailées qui en échange polliniseront vos plantes.

Notre première approche de la permaculture s’arrête ici pour l’instant et vous laissant de quoi mûrir vos réflexions jardinières. Pour la suite, on vous prévoit quelques astuces pour recycler vos déchets de jardin et gagner en autonomie.