Avec les beaux jours qui reviennent, les abeilles reprennent petit à petit leurs diverses activités.

Si le froid hivernal ne permettait pas de visiter la ruche et de contrôler son état, l’arrivée du printemps signe le retour aux activités apicoles.

Quand faire la visite de printemps ?

Pour sa première visite approfondie, l’apiculteur choisira une belle journée. Elle doit être ensoleillée, avec une température douce autour de 15°C et sans vent. Si les conditions sont strictes c’est que le risque de refroidir la ruche et de ruiner les efforts de abeilles pour maintenir une chaleur suffisante est grand. Au début du printemps, la colonie est encore fragile des longs mois d’hiver et sort doucement de sa léthargie.

Les premières journées réunissant les conditions idéales se présentent souvent lors de la deuxième quinzaine de mars. Pour anticiper les travaux d’été, elle devra avoir lieu au plus tard au début du mois d’avril. Ce n’est pas pour rien qu’on parle de ‘Visite de Printemps’!

L’apiculteur devra aussi prévoir un créneau suffisamment long pour lui permettre de visiter ses ruches sans précipitation. On comptera en moyenne 30 minutes par ruche pour une inspection en bonne et due forme.

La visite du printemps : une visite qui se prépare ?

En premier lieu et comme avant toute visite, l’apiculteur prendra soin de préparer son matériel. Pour que la visite se déroule bien, il lui faudra préparer un enfumoir capable de tenir plusieurs heures.

L’enfumoir est, comme son nom l’indique, un outil permettant de générer de la fumée. Cette fumée est issue de la combustion lente de petits granulés composés de végétaux séchées.

La fumée, utilisée avec parcimonie va permettre de brouiller les signaux que les abeilles échangent grâce à leurs phéromones mais également les mettre en alerte. En effet, écoutant le fameux dicton, en présence de fumée, la colonie craint la présence d’un feu, ennemi naturel et ancestral. Les abeilles se ruent alors vers l’intérieur de la ruche pour se gaver de miel en prévision d’un départ de la colonie.

Une fois son enfumoir prêt, l’apiculteur procédera à un nettoyage avec produit désinfectant ou à la flamme de ses outils principaux : le  lève-cadre et la pince lève-cadre. Ces deux outils permettent d’ouvrir la ruche en douceur, de gratter l’éventuel surplus de propolis ou de cire et de sortir les cadres.

Afin de ne rien oublier, l’apiculteur devra aussi prévoir un support pour noter ses observations.

La visite du printemps : que doit-faire l’apiculteur ?

Après de nombreuses semaines sans avoir mis le nez dans la ruche, l’apiculteur doit faire appel à tous ses sens pour entamer sa visite. Les odeurs qui se dégagent et l’aspect des rayons et des abeilles révèlent maintes informations sur l’état de santé de la colonie.

La visite se déroule, évidemment, ruche par ruche. L’apiculteur toque à la porte de la colonie en produisant quelques bouffées de fumée au niveau de la planche d’envol avec l’enfumoir. Une à deux minutes doivent s’écouler avant de soulever le toit de la ruche. On chassera les intrus qui s’y sont réfugiés (perce-oreilles, araignées, fourmis…).

Sous le toit, on découvre le couvre-cadre, collé au corps de la ruche par la propolis. Un petit coup de levier avec le lève-cadre suffit à la décoller. C’est ici que commence vraiment la visite, cadre par cadre, l’apiculteur inspecte la colonie. Les cadres de rives, aux extrémités de la ruche sont consacrés aux stockage de la nourriture (miel, pain d’abeille, pollen). Les réserves doivent être suffisamment importante pour que l’activité printanière démarre de façon optimale.


Comme souvent, une odeur âcre et agressive est plutôt mauvais signe, la ruche est probablement touchée par une maladie, ce qui nécessitera un traitement spécifique. La présence de maladie peut également être révélée par l’observation des selles des abeilles, aisément reconnaissables à leur couleur jaune, ou plus simplement par l’aspect des abeilles et de leur vivacité ou absence de vivacité.


En avril, la colonie va consommer au minimum 5 KG de miel! Or les cadres de réserves se sont taris pendant l’hiver… alors qu’ils pouvaient peser jusqu’à 4KG en pleine saison, ils ne présentent maintenant qu’entre 900 grammes et 1 kilo de miel.

A mesure que l’on se rapproche du centre de la ruche, l’aspect des cadres change. L’on est passé de la couleur dorée des alvéoles de miel à un brun plus sombre. Les cellules sont en partie fermées par une épaisse couche de cire et certaines qui semblent totalement vide recèlent en réalité le trésor de la ruche : les oeufs. C’est ici que l’on trouve le couvain, la nursery de la colonie.

Ici l’apiculteur sera particulièrement vigilant : comment est le couvain? forme-t-il une belle zone continue ou bien est-il plus lacunaire?

Il faut savoir que les ouvrières de l’hiver vont mourir et laisser petit à petit leur place à des ouvrières d’été. Ces dernières écloront des alvéoles après 21 jours de croissance. La présence d’oeuf dans le couvain indique que la Reine a pondu dans les trois jours précédents la visite, la présence de larve dans les 12 jours; à ces deux stades les alvéoles ne sont pas encore fermées. Idéalement, la ruche devra comporter 3 cadres de couvain minimum.

Bien sûr l’apiculteur fera son possible pour pouvoir observer la Reine, mais parfois, elle est timide et ne se montre pas pendant la visite. Une confirmation visuelle de sa présence est rassurant pour l’apiculteur et elle est également beaucoup plus facile à repérer que les microscopiques oeufs qui peuvent échapper à un oeil non aguerri.

Plusieurs cas de figure peuvent se présenter à l’issue de la visite. Pour qu’une ruche re-démarre sous les meilleurs hospices, les quantités de nourriture, de couvain et l’espace disponible pour le développement de la colonie doivent être équilibrés :

  • pas assez de couvain ou un couvain en mauvaise forme : le nombre d’abeilles sera insuffisant
  • le couvain est bombé? il s’agit de couvain mâle pondu par les ouvrières qui ont repris le flambeau en l’absence de reine, la ruche est donc orpheline
  • pas assez de réserves : les abeilles risquent de mourir de faim
  • trop de réserves : la reine va rapidement se sentir à l’étroit et l’essaimage guette

Il arrive également que l’apiculteur ait la très triste surprise de découvrir une ruche complètement vide. Les abeilles n’ont pas survécu à l’hiver soit par manque de nourriture soit à cause du froid trop intense.

Heureusement, les ruches peuvent aussi sortir de l’hiver en très bonne forme! L’apiculteur peut également choisir de réunir des colonies un peu faibles pour n’en former qu’une plus résistante.

Dans les deux cas, en présence de beaux cadres de couvains et de nourriture, l’intervention de l’apiculteur se limitera à un contrôle des cadres moins utilisés par les abeilles : si ces derniers ont tendance à être un peu noircis, il faut les remplacer par des cadres  dont la cire gaufrée est neuve. Ainsi, à mesure de ces différentes visites, l’apiculteur changera les cadres pour renouveler l’ensemble en une année.

Passé cette première visite, l’apiculteur reviendra environ toutes les 3 semaines aux ruches pour s’assurer que tout va bien, jusqu’à la période de récolte du miel.